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B'chira Ben Mrad

B'chira Ben Mrad : “Notre préoccupation première était l'indépendance de notre pays”

Parler du mouvement féminin en Tunisie, c'est évoquer avant tout le nom de B'chira Ben Mrad, qui fut la première femme à penser, vers les années 30, à créer une organisation féminine. Sur les photos illustrant ses activités, elle nous apparaît à la fleur de l'âge, voilée ou dévoilée, parlant devant une assemblée, manifestant dans la rue, assistant à des meetings et congrès, luttant contre la colonisation et pour la libération nationale. “En 1936, B'chira Ben Mrad, écrit Souad Bakalti, organisa la première réunion féminine pour la cause du mouvement national”.

Quelles ont été les motivations qui vous ont poussée à créer la première organisation féminine en Tunisie : l’UMFT ?

- Ce qui m’a poussé à créer ce cadre, c’était avant tout la situation dans laquelle se trouvait notre pays. C’était l’époque coloniale où nos dirigeants étaient soit en exil, soit en prison. Je me souviens qu’un jour —je devais avoir 13 ou 14 ans— j’ai entendu une discussion entre nos dirigeants sur la colonisation et sur la situation désastreuse que connaissait le pays. C’était dans le cadre d’une réunion qui s’est tenue chez Hédi Ben Othman, à Sidi Bou Saïd, et à laquelle a assisté, entre autres personnalités, M. Mahmoud el Materi. Je pense que c’est à partir de ce moment que fut enraciné en moi le sentiment patriotique et que j’ai eu l’idée de créer un cadre qui puisse nous permettre d’agir pour la cause nationale. A l’époque, les femmes n’étaient pas réellement présentes dans le Mouvement national. Et grâce, d’une part à mes lectures de l’Egyptienne Houda Echaâraoui, et d’autre part aux encouragements de mon père, cheikh Mohamed Salah Ben Mrad, l’idée a commencé à germer dans ma tête.
Un jour, cela devait être en 1937, on m’a rapporté que Belhaouane et d’autres militants destouriens avaient organisé une kermesse qui devait leur permettre de collecter de l’argent en faveur des étudiants nord-africains en France et que cette kermesse n’avait pas réussi. C’est alors que j’ai eu l’idée d’en organiser une avec les femmes. Nous avons alors informé les dirigeants destouriens comme Belhaouane et Mongi Slim qui, sceptiques au départ, ont fini par donner leur accord trois jours après. Nous avons alors préparé notre fête (c’était avant la création de l’UMFT) en constituant d’abord un comité d’organisation composé de Naïma Ben Salah, Tawhida Ben Cheikh, les filles Hajjaji (dont le père était ministre), Hassiba Ghileb et Nébiha Ben Miled. Nous avons réussi à regrouper 9000 personnes à Dar el Fourati, rue El Mestiri et à collecter une très grosse somme d’argent qui a été remise aux responsables destouriens et destinée aux étudiants en France. Une semaine après (en 1937), nous avons créé l’UMFT après information et accord de quelques destouriens comme Belhaouane, Mongi Slim, Jallouli Farès et Rachid Driss dont nous entendions parler.

Quelles étaient les relations qu’entretenait votre union avec le Néo-Destour ?

- Notre union était fortement liée au parti destourien. Nous n’entreprenions nos actions qu’après information de nos dirigeants comme Mongi Slim.
D’autre part, tout l’argent que nous collections grâce à nos activités était destiné aux étudiants nord-africains en France et au Mouvement national. Nous avons beaucoup aidé Jallouli Farès, Mongi Slim, Rachid Driss, Habib Bourguiba, Béhi Ladgham, Ahmed Ben Miled (qui nous a apporté une aide discrète et précieuse), Slaheddine Bouchoucha, Mongi Baly, Mohamed Belhassine, Sadok el Mokaddem, Chédli Klibi et Hédi Nouira par la suite.
Après la création de l’UMFT, Habib Bourguiba a manifesté le désir de nous rendre visite. C’est au local de notre section de Hammam-Lif que je l’ai vu pour la première fois. Depuis lors, il venait souvent et nous envoyait des lettres de France. Il voulait que les femmes soient actives. Quand il n’était pas là, Moufida Bourguiba venait assister à nos kermesses et plus tard, Wassila Bourguiba aussi.

Quelles étaient vos activités ?

- C’était des activités scientifiques, culturelles, sociales et politiques. Nous avons beaucoup aidé les Scouts Musulmans, les étudiants nord-africains en France, les associations de bienfaisance musulmane, de secourisme etc… Nous voulions que les femmes aident le Mouvement national auquel nous les avons sensibilisées. Au moment de la famine, nous avons organisé des soupes populaires. D’autre part, nous avons apporté une aide (des collectes d’argent, des couffins) aux destouriens emprisonnés.

Avez-vous en tant qu’UMFT, milité pour les droits des femmes ?

- On avait demandé que les femmes soient instruites car une société dont la moitié est ignorante ne peut avancer, d’autant plus que l’islam a encouragé l’instruction des femmes. A part cela, on ne parlait pas de droits des femmes du fait qu’on était en pleine lutte de libération nationale. Notre préoccupation première était l’indépendance du pays.

Pensez-vous que les droits octroyés aux Tunisiennes en 1956 aient été un cadeau offert sur un plateau d’argent ?

- Bourguiba était certes pour l’émancipation des femmes. Mais je pense que l’acquisition de ces droits est le résultat de la précieuse participation des femmes à la lutte de libération nationale. Les femmes ont manifesté dans les rues, connu la prison, créé des projets, tenu des discours…

Noura Borsali
Source : realites.com.tn


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